L’aliment préféré des Norvégiens :
LE PAIN
À n’importe quel moment. Toute la journée.
Nous ADORONS le pain, voilà tout !
Quand on examine la consommation du pain dans le monde, les Norvégiens arrivent en tête de liste. En moyenne, nous consommons 38,5 kg de pain par personne et par an !
On peut toujours compter sur lui au petit déjeuner...
... c’est le matpakke idéal (en-cas emporté à l’école, au travail, en randonnée, etc.)...
... C’est le yin inséparable de notre yang dînatoire.
Non, nous ne nous en lassons pas. Pourquoi ?
Parce que nous avons le bon pålegg !
Pålegg ? Ce mot désigne tout ce que l’on pose sur une tranche de pain.
Ce peut-être du jambon, de la confiture, un délicieux fromage norvégien, du pâté de foie ou l’une de nos bizarreries gastronomiques norvégiennes, comme le caviar ou le brunost. Parfois, on l’agrémente aussi de poisson, comme le maquereau à la sauce tomate.
Pour nous, Norvégiens, la vénérée skive (tartine) est quasiment un art de vivre.
« Le pain fait partie de l’identité nationale, en Norvège. Quand je suis arrivé ici et que j’ai vu toutes ces variétés de pain aux graines et de grovbrød (pain complet), j’ai été sidéré », témoigne Neil Allsopp.
Neil a ouvert Sour To The People à Hønefoss, en Norvège de l’Est, l’une des nombreuses boulangeries artisanales à avoir fleuri sur le territoire. Cet ancien armurier a quitté son île anglaise pour la Norvège il y a 10 ans et s’est d'abord mis à faire du pain en guise de hobby.
Il est désormais un expert assidu du levain, ravi de se lever le matin pour cuire ses délicieux pains. Selon ses propres aveux, cela confine même à l’obsession.
« Faire du levain, c’est une véritable métamorphose. On démarre avec de la farine, de l’eau et du sel, et quelques jours plus tard, on a quelque chose de sain à manger. Même si cela prend plus de temps que la fabrication d’un pain classique, le jeu en vaut la chandelle ! Le pain au levain se conserve plus longtemps et est meilleur pour la digestion », conclut-il.
L'art du soin
Le levain n’est pas une nouveauté, mais il connaît une renaissance depuis quelques années. C’est une tendance mondiale, et beaucoup de gens le préparent à la maison.
« C’est formidable. Les gens ont eu plus de temps, surtout en 2020. Les médias sociaux ont aussi joué un rôle clé dans ce regain de popularité, parce que les gens veulent essayer ce qu’ils y voient. Et le pain, sur Instagram, c’est vraiment énorme », explique Neil.
Apprendre à confectionner son levain est à la fois un test de patience et de compétences dans l’art de dispenser des soins. Non, ce n’est pas une blague : il faut effectivement dispenser des soins à son levain-chef.
« Pour beaucoup de gens, c’est souvent là que ça coince. Il faut la patience de le faire pousser. Il faut le rafraîchir tous les jours et il est hors de question de le négliger », explique le boulanger.
Mais ne visez pas la réussite d’entrée de jeu. Neil avertit qu’il vaut mieux s’être préparé à l’échec pour les premières fournées. Mais une fois qu’on a pris le coup, il n’y a pas de limites. Peut-être même essaierez-vous de décorer votre pain, pour qu’il paraisse aussi délicieux à l’extérieur qu’à l’intérieur ?
Source d’énergie
Neil considère la consommation de pain comme une évolution vraiment positive, surtout lorsqu’il est pétri de nutriments sains. On peut y ajouter toutes sortes d’ingrédients, graines ou noix, et confectionner un pain complet très gouteux. Vous ne vous en lasserez jamais – même un boulanger comme Neil n’en a jamais assez !
« Il y a tant de variations auxquelles je n'ai pas encore pensé. Et l’on peut varier à l’infini les pålegg (garnitures), qui vont révéler tous les arômes du pain », dit-il.
Pour lui, la clé, ce sont les ingrédients. Il utilise uniquement des produits biologiques locaux et collabore étroitement avec de talentueux paysans.
Ils transforment ceci...
... en cela !
Les paysans norvégiens sont fantastiques et le circuit de la ferme au magasin ou à la boulangerie locale est court.
« Les céréales ont toujours eu beaucoup d’importance pour les Norvégiens. Jadis, on parlait de gudslånet, ce qui veut dire plus ou moins “quelque chose emprunté à Dieu” », déclare Bodil Nordjore.
Bodil écrit des livres de recettes et a remporté plusieurs prix pour son travail en faveur de la culture gastronomique norvégienne. L'aliment sur lequel on l’interroge le plus reste cependant le pain. C’est pourquoi elle a rédigé un livre entier sur ce sujet – soit 255 pages consacrées au brød et 120 recettes !
Traditions anciennes
À l’ère viking, le grain était moulu à la main et transformé en galettes, que l’on cuisait sur une pierre plate chauffée.
« Cela s’appelait brauðiskr, l’assiette en pain, sur laquelle ils posaient poisson et viande. »
C’est un peu l’équivalent de la pizza norvégienne, dont nous avons conservé certains éléments dans nos traditions modernes, avec le lefse (galette sucrée) et le flatbrød (galette qui accompagne poisson, soupes, etc.). Les traditions boulangères se sont depuis beaucoup modernisées (merci la technologie !) et l’on trouve désormais des pains de toutes les formes et de toutes les tailles.
« ici, les pains les plus communs sont à base d’avoine, d’orge et de blé, mais on s’inspire aussi de traditions boulangères étrangères, comme le pain de campagne français et la focaccia italienne », explique Bodil.
Elle ajoute que, tout en aimant tester des nouveautés, nous revenons souvent aux bases : le pain de tous les jours, simple et nutritif, riche en céréales.
En plus de notre cher grovbrød (pain complet), nous consommons aussi beaucoup de kneippbrød, de landbrød (pain de campagne) et de pain de seigle.
Nous aimons également nous faire plaisir et beaucoup de gens préparent du loff(pain blanc) pour le week-end ou les jours fériés. En général, il se compose de farine de blé, lait, beurre et levure, mais il en existe plusieurs variétés. Certains ajoutent du sucre et des œufs pour en accentuer le côté sucré, tandis que d’autres le saupoudrent de graines de pavot.
Et puis, il y a la spécialité de Noël : le julebrød, très concentré en raisins. Il est presque aussi sucré qu’un bolle et est délicieux avec un morceau de fromage à pâte brune. Son nom signifie pain de Noël – mais il est trop bon pour n’être dégusté qu’une fois dans l’année, et nombreux sont ceux qui le font au gré de leurs envies.
Bodil souligne que, quel que soit votre type de pain, « il est très facile de faire du pain à la maison ». C’est une des raisons pour lesquelles les Norvégiens l'adorent.
« De plus, le pain complet est nourrissant. Mangez deux skiver quand vous avez un petit creux, et vous tiendrez facilement jusqu’au prochain repas », conclut-elle.
La preuve que nous consommons beaucoup de pain
En Norvège, on peut acheter du pain dans une boulangerie, une épicerie (qui peut proposer de 10 à 15 variétés !), et même dans certaines stations-service. Au total, chaque année, les Norvégiens achètent 206 115 tonnes (!) de pain dans ces commerces, si l’on en croit les chiffres de Sissel Flesland Markedsinformasjoner AS, qui fournit des statistiques au secteur de la boulangerie.
Cela signifie que, en moyenne, les Norvégiens consomment approximativement 38,5 kg de pain chacun. Ce qui est encore plus fou, c’est que ce chiffre n’inclut pas les petits pains et les baguettes, ni le pain fabriqué à la maison ! Et voilà ! Quand on vous disait que nous mangeons beaucoup de pain...
De plus, nous n’aimons pas gâcher notre brød. Le bureau norvégien d’information sur le pain et les céréales nous incite à utiliser le pain sec condamné à être jeté en en faisant des toasts, des croutons et des churros !
C’est bon pour la santé, c’est bon pour votre porte-monnaie et on peut en profiter jusqu'à la dernière miette. Bref, un sans fautes. Autant dénicher un tablier sans plus tarder et découvrir le merveilleux univers du brød !
Faire du pain maison
Envie de ne plus inscrire le pain sur votre liste de courses et de le faire vous-même ? Essayez la recette du pain bis orge et avoine donnée par le bureau norvégien d’information sur le pain et les céréales. Il est bon pour la santé et délicieux – et la recette est signée Arild Mellemsæther, un talentueux boulanger norvégien.
Ingrédients pour : deux pains
Difficulté : moyenne
Temps total de préparation : 3 – 4 heures, temps de cuisson compris.
Ingrédients
Pour le mélange de céréales à faire tremper
150 g de céréales complètes brunes
25 g de son de blé
60 g de farine d’orge
60 g d'avoine
3,5 dl d’eau
Pour la pâte
450 g de farine de blé
300 g de farine complète
20 g de sel
25 g de levure fraîche
3,5 dl de lait écrémé
Un peu de lait pour le glaçage et d'avoine pour la décoration.
Instructions
1. Faites tremper les céréales : Mélangez les céréales complètes, le son de blé, la farine d’orge, l’avoine et l’eau dans un grand saladier. Laissez tremper pendant environ 30 minutes à température ambiante.
2. Terminez la pâte : Versez tous les autres ingrédients dans le saladier. Pétrissez la pâte à l'aide d'un robot mixeur. D'abord à vitesse lente pendant 3 minutes, puis plus rapide pendant 3 autres minutes.
3. Laissez reposer la pâte pendant environ 30 minutes, avant de la pétrir à la main. Laissez reposer pendant 20 minutes de plus.
4. Divisez la pâte en deux et façonnez deux pains. Glacez-les avec du lait puis roulez-les dans de l’avoine avant de les placer dans deux moules à pain de 2 l. Recouvrez les moules et laissez la pâte lever dans un endroit chaud pendant environ 40 minutes.
5. Préchauffez votre four à 210° et placez les moules dans la partie inférieure du four jusqu’à ce que les pains deviennent brun doré, ce qui prend environ 40 minutes.
6. Démoulez les pains dès leur sortie du four et laissez-les refroidir sur une grille.
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