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À la rencontre de la culture samie

Mélopées anciennes, artisanat traditionnel et élevage des rennes évoluent sous l'influence des nouvelles technologies et de la vie moderne. Faites la connaissance des Samis – le peuple autochtone de la Norvège.

1. La Norvège a la plus grande population samie du monde

On estime à environ 80 000 le nombre total de Samis vivant en Norvège, Suède, Finlande et Russie. La moitié d’entre eux vit en Norvège. La vaste majorité des populations samies se concentre en Norvège du Nord, principalement dans le comté du Finnmark. On trouve néanmoins des communautés samies plus au sud, dans le Trøndelag par exemple.

Beaucoup pensent que la culture samie est uniquement le rayonnement de traditions ancestrales : les costumes colorés, les spécialités et artisanat traditionnels ou encore l’élevage de rennes. Mais l'héritage sami est resté vivant et a même évolué ! De nos jours, on l’observe dans la musique rap, l'architecture moderne, l'art contemporain et le design dernier cri. Le Sami d’aujourd’hui peut être à la fois cinéaste primé et éleveur de rennes sur sa motoneige. En revanche, il partage avec son ancêtre la même relation profonde avec la nature.

Si vous vous rendez en Norvège du Nord, vous pourrez goûter au mode de vie sami. Faites du traîneau à chiens, campez dans un lavvo traditionnel (la tente samie) sous les aurores boréales ou allez observer les rennes de près. Si vous préférez une pause culture, allez voir une exposition d'art sami.

2. Le dynamisme des festivals samis

Pour en apprendre plus sur la culture et les traditions samies, un festival sami est un bon point de départ. Chaque année en juillet, le festival Riddu Riđđu, à Manndalen dans le comté de Troms, attire des artistes et festivaliers du monde entier. Avec ses concerts sous le soleil de minuit, la richesse de son programme et la qualité de son offre culinaire, Riddu Riđđu sort vraiment de l’ordinaire.

La Semaine samie de Tromsø est organisée autour du 6 février, jour de la Fête nationale samie. Tentez votre chance à la course de rennes, apprenez l’art du joik ou profitez tout simplement de la programmation musicale, des conférences... et de copieuses assiettes de bidos, le plat traditionnel. Enfin, ne ratez pas le championnat national de lancer de lasso, qui se déroule sur la place du marché !

Apprécié des familles, intergénérationnel, le festival sami de Pâques Kautokeino est devenu un événement incontournable de la culture samie. Il propose des concerts, des expositions, ainsi que des activités originales de type moto-cross sur neige et course de rennes.

Parmi les autres événements dignes d’intérêt, citons la Semaine de la musique samie d’Alta, le festival d’hiver de Tana et le festival Skábma de Lebesby.

3. Le parlement sami a la forme d'un lavvo

Le parlement sami a siégé pour la première fois en 1989, après la tenue de nombreuses manifestations, dans les années 70 et 80, contre la construction d’une usine hydroélectrique sur l’Altaelva, en Norvège du Nord – surnommée « la controverse d’Alta ». Depuis lors, les Samis de Norvège peuvent élire leurs représentants dans un parlement entièrement dévoué aux affaires samies.

Ce bâtiment à l’architecture originale se trouve au Finnmark, à Karasjok (que l’on surnomme la capitale samie). Il a la forme d’un lavvo – la tente samie, éternel symbole du mode de vie nomade. Des visites guidées du parlement sont organisées du lundi au vendredi, en langue same, en norvégien et en anglais.

4. Les Samis de Norvège parlent au minimum cinq langues

Sur les neuf variantes de langue same recensées dans le monde, cinq sont pratiquées en Norvège. Les trois plus courantes sont : le same du Nord, le same de Lule et le same du Sud. Le same de Pite et le same de l’Est font actuellement l’objet d'un programme de revitalisation en Norvège. Ces langues ne se ressemblent pas, et n'ont pas de lien avec le norvégien – ni aucune autre langue scandinave, d’ailleurs.

Au cours du 20e siècle, à plusieurs reprises, les Samis se sont vu signifier l’interdiction de pratiquer leur propre langue aux dépens du norvégien, dans le cadre d’une politique d'assimilation draconienne. Conséquence : moins de la moitié des Samis norvégiens parlent aujourd'hui le same. C’est d'ailleurs la raison pour laquelle le gouvernement norvégien a présenté des excuses officielles au peuple sami en 1999.

5. Regain d’intérêt pour le joik, le chant traditionnel sami

Le joik – musique folklorique samie – est l’une des plus anciennes traditions chantées d’Europe. Le joik possède des particularités vocales et est dédié à une personne, un animal ou un lieu. Il est pratiqué dans de nombreuses situations quotidiennes.

La survie du joik au cours des siècles, malgré les tentatives d'acculturation et d’assimilation menées par le gouvernement norvégien, est en soi un phénomène remarquable. Pendant longtemps, le joik a été jugé subversif et dans les années 50, il était interdit de le pratiquer dans les écoles situées en région samie. Heureusement, les choses ont changé. En fait, ces dernières années, le joik connaît même un regain d’intérêt. De nombreux jeunes musiciens l’incorporent dans leurs compositions et il est devenu de plus en plus populaire de combiner le joik à d'autres styles musicaux comme le jazz, le heavy métal et le rock.

En mai 2019, le groupe norvégien-sami KEiiNO a représenté la Norvège au concours de l’Eurovision à Tel Aviv. KEiiNO mêle pop, électro, dance et joik. Leur chanson « Spirit in the sky », interprétée en anglais et en sami, est un mélange de pop et de joik. KEiiNO a remporté la sixième place, mais le vote du public, comptant pour 50 pour cent du résultat final, les plaçait largement en tête !

Voici quelques autres grands noms de la chanson, connus pour la qualité de leur joik : Mari Boine, Ann-Mari Andersen, Frode Fjellheim, Ella Marie Hætta Isaksen, Elle Márjá Eira et Marja Mortensson.

6. Un compositeur sami pour l’intro de La Reine des neiges

L’équipe de production chargée par Disney de travailler sur La Reine des neiges, et notamment le compositeur Christophe Beck, souhaitait incorporer des éléments de musique nordique dans leur B.O. Au cours d'un voyage d'études, en 2012, ils firent la connaissance de Frode Fjellheim, un musicien et compositeur aux racines samies. Frode Fjellheim accepta ensuite de coécrire la musique du film avec Beck, en commençant par le titre « Vuelie », qui ouvre la B.O. « Vuelie » est une version légèrement modifiée de « Eatnemen Vuelie » (La Chanson de la terre), que Fjellheim avait composée en 1996, en y incorporant un joik appris durant son enfance. C’est donc à Frode Fjellheim que l’on doit l’exportation du joik à Hollywood.

7. La Norvège abrite plus de 200 000 rennes

Le renne a toujours été un élément central de la culture samie. Dans le renne, rien ne se perd : on cuisine sa chair, on fabrique des vêtements et des chaussures dans sa peau et son pelage, on transforme ses cornes en outils indispensables, voire en objets d'art.

L'élevage des rennes se pratique principalement en Norvège du Nord, dans le Trøndelag, dans le Møre og Romsdal en Norvège des Fjords et dans le Hedmark en Norvège de l'Est. Aujourd’hui, cette filière occupe environ 3 000 personnes, dont 2 200 rien que dans le Finnmark. Les gardiens de troupeaux de rennes vivent de la vente des produits tirés de leur élevage. La viande de renne se vend sur l’ensemble du territoire norvégien et est également exportée, tandis que la peau est transformée en gants, chaussures et autres produits de maroquinerie.

Comme on pourrait s'y attendre, le renne est également un aliment central de la cuisine samie. On peut donc difficilement se rendre dans la région du Finnmark sans en goûter la spécialité régionale – la viande de renne. Celle-ci est déclinée en un nombre inimaginable de recettes, dont la plus célèbre est sans doute le bidos, un ragoût à base de carottes, de pommes de terre et de viande de renne, mitonné à petit feu.

8. Duodji veut dire artisanat en sami

La culture samie possède de nombreux termes emblématiques, dont duodji – l’artisanat sami – fait partie. Les outils, vêtements et accessoires issus du duodji sont fonctionnels, utiles et incorporent souvent des éléments décoratifs artistiques. Même si la tradition évolue légèrement, de nombreuses disciplines artisanales (broderie de perles, tissage de lacets, sculpture sur bois, coutellerie) sont soigneusement perpétuées. Aujourd'hui, certaines pièces de duodji revêtent une grande valeur artistique aux yeux des collectionneurs du monde entier.

Le costume traditionnel, le « kofte », est une autre tradition restée bien vivante. Aujourd'hui, on le porte surtout pour les grandes occasions comme les mariages, les enterrements ou autres événements importants. Les couleurs, les motifs et les décorations parant le costume peuvent indiquer la région dont la personne est originaire. Les couleurs traditionnelles samies sont le rouge, le vert, le bleu et le jaune.

Pour suivre la production artistique samie actuelle, rendez-vous au Sami center for contemporary art de Karasjok, qui vaut indéniablement le détour. Il accueille des expositions d'art contemporain sami, allant de formes d’expression modernes au duodji traditionnel.

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