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Joly et les deux Dave

Qu'est-ce qui a poussé trois jeunes marcheurs à se lancer sur le chemin de Saint-Olav, en mode camping sauvage ?

Au cours de l’hiver 2009, l’Anglais Joly Braime visita la cathédrale Nidaros (Nidarosdomen) à Trondheim. Au cours de sa visite, un panneau d'informations sur le chemin de Saint Olav retint son attention. L’idée de partir en pèlerinage en Norvège fit son petit bonhomme de chemin et, cinq ans plus tard, à l’été 2014, à l’occasion d'une période d'inactivité entre deux jobs, il franchit le pas. Il se donna un mois pour marcher d’Oslo à Trondheim. Son ami Dave, lui aussi britannique, devait le rejoindre pour les deuxième et troisième semaines.

En dehors de cela, Joly comptait cheminer en solo. Toutefois, au cours de ses premières journées de marche, il croisa à plusieurs reprises un Américain du Michigan, lui aussi prénommé Dave. À force de se croiser et de se recroiser, ils finirent par faire équipe et ne se quittèrent plus jusqu'à Trondheim. Joly nous raconte son aventure en compagnie des deux Dave et du sentiment de liberté éprouvé durant son pèlerinage à Trondheim.

Qu’est-ce qui t’a séduit dans l’idée de faire un pèlerinage en Norvège ?

« L'idée de parcourir une telle distance et de planter sa tente en chemin avait un petit parfum d'aventure. J'avais vraiment envie de profiter au maximum du camping sauvage, qui est interdit quasiment dans toute l’Angleterre. »

Y a-t-il une différence entre une randonnée ordinaire et un pèlerinage ?

« Il y a plein de bonnes raisons de partir en randonnée, mais je crois que c’est un peu différent lorsque vous empruntez un itinéraire qui signifie quelque chose pour les gens. Tous ceux qui habitent le long de ce parcours connaissent le chemin, tout le monde sait que vous êtes un pèlerin et se montre souvent accueillant, ou curieux. La notion d'hospitalité est importante. On a souvent été dépannés par les gens du coin. »

« Il faisait particulièrement chaud, ce jour-là. Je traînai la patte sous un soleil de plomb, quand une dame est sortie de son jardin en courant, une bouteille d’eau fraîche à la main. Elle a fini par m’inviter à boire un café et manger un morceau avec toute la famille. C’est le genre de choses qui m’est arrivé de temps à autre. »

Avez-vous eu des expériences intéressantes, que vous n’auriez peut-être pas faites dans le cadre d'une randonnée normale ?

« J'avoue que les églises, tout au long du chemin, ont constitué une expérience intéressante. Aucun d’entre nous n’était particulièrement porté sur la religion, mais on avait plaisir à s'y arrêter pour méditer un peu, se reposer. Lorsque l’on trouvait la porte d'une église ouverte, on entrait et on s'asseyait pendant dix-quinze minutes, silencieusement, histoire de mettre un peu d'ordre dans nos pensées. »

« C’était comme une ponctuation dans notre périple, quelque chose que nous n’aurions pas fait dans d'autres circonstances. Les églises dégagent une atmosphère spirituelle, détendue, et puis il n’y en a pas deux pareilles. Certaines sont en bois, d'autres en pierre, en ardoise, il y en a de très anciennes, d'autres qui sont ultra-modernes. »

Pourquoi toutes sortes de questionnements importants surgissent-ils lors d'une telle marche ?

« On y a beaucoup de temps pour réfléchir, bien sûr, mais aussi, c’est un chemin dont l’existence même a été motivée par le désir de pause et de contemplation. C’est presque inévitable. »

« Vous parcourez un chemin que des gens ont emprunté pendant des centaines d'années, à des moments importants de leur vie. Ça donne inévitablement une dimension spirituelle à votre démarche. Et puis, la manière dont les gens se comportent avec vous y fait aussi. On vous identifie instantanément comme pèlerin. On ressent une sorte de protection un peu désuète. »

Cela vous a fait quoi, lorsque vous êtes arrivés ?

« C’était super, et en plus, c’était vraiment le bon moment. Lorsqu'on est arrivé à Trondheim, il y avait une grande fête, avec un marché médiéval. On a eu l’impression de se retrouver au Moyen Âge. On avait été habitué à un tel calme et à une telle tranquillité pendant tout ce temps, et là, tout à coup, on débarquait dans une ville en pleine effervescence. »

« Arriver dans une ville comme Trondheim, qui est si jolie, c’est quelque chose ! La cathédrale est magnifique. Un pasteur nous a repérés dès que nous avons mis les pieds à l’intérieur. Il s’est avancé vers nous et nous a demandé si nous étions pèlerins. " Vous êtes arrivés. Félicitations ! ", nous a-t-il dit. »

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